L'HOTEL DE LA LUNE,

trois siècles d'histoire.

C'est toute l'histoire d'une ville qui défile entre les vieux murs de l'Hôtel de la Lune.
Edifié à la fin du XVIIème siècle, cet immeuble dépendait alors de la paroisse de Revel et fut affecté jusqu'en 1778 à l'instruction de la jeunesse de la ville.

Propriété du clergé jusqu'à la Révolution, il va commencer alors une longue carrière parsemée de déboires et de réussites : en 1794, An 2 de la République, les époux Bonfant y installent une auberge qui, pour des raisons inconnues, va prendre le nom poétique de "A l'enseigne de la lune ".
Les héritiers se succèdent jusqu'en 1818 où l'immeuble est mis en vente aux enchères publiques. C'est le sieur Pierre Reynies, dit Moixanie, roulier à Carcassonne, qui se porte acquéreur.
Le propriétaire suivant, Pierre Viguier, va donner à la maison son nom actuel, "l'Hôtel de la Lune".

L'astre qui va veiller jusqu'à nos jours sur la destinée de l'hôtel connaîtra bien des vicissitudes commerciales. Mais en 1892, Louis Ducos et son énergique épouse, Marie Ramond, vont enfin assurer à l'établissement prospérité et renom.

C'est alors l'âge d'or de la vieille demeure : le maître de céans offre à ses clients, en plus d'une table réputée, un service de location de voitures à cheval, avec ou sans cocher.
 Louis Ducos est également devenu correspondant de la Compagnie du Midi, dès l'arrivée du chemin de fer à Revel.
Ces deux fonctions vont lui permettre d'organiser un véritable circuit touristique à travers la région, des Cammazes à Alzeau, via Saint ­Ferréol.

 Revel et l'Hôtel de la Lune sont le port d'attache du périple et jusqu'à la guerre de 1914, l'excursion du "chemin de la rigolé de la montagne", car c'est son nom, va connaître un grand succès.
 L'hôtel possède alors de vastes écuries et de grands locaux pour les voitures.
Les époux Ducos, couple moderne et dynamique, décèdent fin 1920.

 L'Hôtel de la Lune connait alors plusieurs ventes successives, sans jamais retrouver son éclat.
 

HISTORIQUE

 

L'immeuble de l'HOTEL DE LA LUNE date de la fin du XVIIème Siècle, début XVIIIème.
Il a été édifié en exécution du legs DEVAL par les Frères Doctrinaires relevant de l’Evêque de LAVAUR dont dépendait la paroisse de Revel et affecté de 1715 à 1778 à l'instruction de la jeunesse de la ville.
Grévé au profit du Bureau des Pauvres de Revel (ancêtre de l'actuel Bureau d'Aide Social) d'une rente annuelle et perpétuelle de 300 francs, représentative d'un capital de 6 000 francs, l'immeuble est acquis, soit directement de l'Evêque de LAVAUR, hypothèse la plus vraisemblable, soit à titre de bien du clergé, aux premières années de la Révolution, par les Sieurs Bernard VARENNES et Jean Belaval, du CABANIAL.
En 1794,(2 Messidors, An II de la République), les Sieurs VARENES & BELAVAL cèdent l'immeuble aux époux Joseph et Elisabeth Marie BONFANT et au père de celle-ci, Romain DUPRAY, qui y installent une auberge "A L`ENSEIGNE DE LA LUNE".
On ignore les raisons d'une telle appellation.

En 1814, Romain DUPRAY ayant déjà disparu, meurent successivement les propriétaires de l'auberge Joseph BONFANT et son épouse née Elisabeth Marie DUPRAY et le fils de ceux-ci, Jacques, Godefroi, Stanislas BONFANT, qui, lors de son mariage en 1811, avait reçu en donation l'auberge et la généralité du mobilier la garnissant.
Les héritiers BONFANT comprenant deux filles mariées et une fille mineure ainsi qu'une petite fille également mineure, et la succession accusant par ailleurs un important passif, la maison servant d'auberge à l'enseigne de la lune est mise en vente aux enchères publiques le 25 Octobre 1818, avec mise à prix de 12 000 francs d'après expertise. Elle est adjugée, pour 12 600 francs, soit 6 600 francs payables effectivement après déduction du capital de 6 000 francs représentatif de la rente annuelle et perpétuelle à servir au Bureau des Pauvres, au Sieur Pierre REYNIES, dit "MOIXANIE", roulier à CARCASSONNE. L'acte de vente aux enchères, dressé par Maître COMBOS, Notaire à Revel donne une description détaillée de l'immeuble.

 

Suivant acte retenu par Maître PLAUZOLES, notaire à CARCASSONNE, la vente de l'auberge "A L'ENSEIGNE DE LA LUNE" est consentie par Pierre VIGUIER (1781 - 1861), époux de Catherine BOSC, épicier à ALZONNE, qui se fixe à Revel pour désormais en assurer la gestion sous la dénomination d' HOTEL DE LA LUNE".
Il s'agit en réalité d'une entreprise familiale dans laquelle Pierre VIGUIER est bientôt relayé par Paul DUCOS (1804 - 1870) et son épouse Antoinette VIGUIER, nièce de Pierre, eux-aussi natifs d'ALZONNE (Aude).
En décembre 1859, Jean DUCOS (1832 - 1876), fils de Paul et d'Antoinette VIGUIER, devient propriétaire - exploitant de "L'HOTEL DE LA LUNE", probablement en vertu des dispositions de son contrat de mariage avec Marie CAILHASSOU, qui, de son côté, apporte une dot de 6 000 francs, somme relativement considérable à l'époque.
Il meurt prématurément à 44 ans en 1876 laissant trois enfants mineurs et un bilan de l'HOTEL DE LA LUNE largement déficitaire, à en juger par l'acte constitutif du Conseil de Famille, qui tout en donnant un état descriptif de l'immeuble et une estimation détaillée et précise des biens meubles de l'Hôtel, autorise la veuve, tutrice des enfants mineurs, à contracter les emprunts nécessaires pour le désintéressement des créanciers.

C'est donc la veuve de Jean DUCOS, née Marie CAILHASSOU qui probablement avec l'aide de quelques membres de la famille de son mari décédé, continue tant bien que mal la gestion de l'Hôtel, jusqu'à ce que son fils aîné, Louis DUCOS (1862 - 1920) soit en mesure de reprendre le flambeau.

Sa mère étant décédée en 1892, Louis DUCOS et son énergique épouse, née Marie RAMOND, assurent à "L'HOTEL DE LA LUNE", une réelle prospérité et un renom certain.
Il faut dire qu'en plus de ses activités purement hôtelières caractérisées notamment par une "table" réputée, le maître de « l’ HOTEL DE LA LUNE », d'une part exerçait la profession annexe de voiturier, c'est-à-dire de loueur de véhicules à cheval avec ou sans cocher, d'autre part était devenu dès l'arrivée du chemin de fer à Revel correspondant de la COMPAGNIE DU MIDI, et enfin avait obtenu, par arrêté du Préfet de l'AUDE, du 14 Novembre 1899, l'autorisation de "circuler avec des voitures suspendues, attelées à plus de quatre chevaux et contenant un nombre maximum de seize voyageurs, postillon compris, sur le chemin de la rigolé de la montagne".

 Ce circuit partait de Revel, et par LES CAMMAZES, via St-FERREOL, atteignait le chemin en bordure de la Rigole, que les voitures empruntaient jusqu'à la prise d'ALZEAU, à LA GALAUBE, pour s'en retourner ensuite à Revel par la route d'ARFONS et des CAMMAZES.
Il s'agissait-là d'une excursion d'un intérêt touristique évident qui, jusqu'à la guerre de 1914, connut un grand succès.

L'ensemble de ces activités annexées entrainant, cela va de soi, l'aménagement de vastes écuries pour le logement de nombreux chevaux et de non moins vastes locaux de parcage de voitures hippomobiles de tout genre.

Après s'être libérés du service de la rente annuelle et perpétuelle de 300 francs par le versement du capital représentatif, les époux Louis DUCOS et Marie RAMOND décèdent en 1920, lui en octobre, elle en novembre.
Leur fille Madeleine, épouse BAYLET, exploite elle-même l'hôtel jusqu'en 1930, où elle vend le fonds de commerce, tout en gardant la propriété de l'Hôtel, qui en 1946, passe à sa fille, Marie-Laure BAYLET, épouse PORTE-LABORDE, laquelle vend , en 1977, la maison en cause, à Monsieur Claude GELIS.

  

  DOCUMENTATION

- Pierre Antoine BARRAU : Histoire de Revel de 1342 à 1790
- Gustave DOUMERC : Histoire de Revel
- Acte de vente aux enchères de 1818 (76 pages)
- Inventaire de 1876 (76 pages)
- Arrêté Préfectoral du 14 novembre1899 portant autorisation de circulation sur le chemin de la rigolade de la montagne.
- Plaquette publicitaire de la SARL Rodian – promoteur  (1974- 1985 ?)
- Iconographie des registres d'Hôtel Nadine et Roger Jullia